Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE LIBELLISTE. 17

homme ne tient à aucun corps; depuis plusieurs années, il ne subsiste que d’intrigues et d’escro-

queries, cherchant à s’insinuer chez toutes les

filles un peu huppées pour les manger, et se rendant redoutable à toutes celles qui ne cèdent pas à ses désirs ainsi qu’à sa cupidité. M. de Flesselles deu l'honneur de vous en écrire, à cause des menaces qu'il faisait à la demoiselle Danezy, pour vous prier de l’en débarrasser, ce qui a déterminé un rapport que je vous ai fait dans le mois de mai, à l'appui duquel est intervenu le placet ci-joint de Mhevyeneau père, qui vous a été présenté par Juiliot, avocat au Parlement, fondé de sa procuration, pour vous solliciter des ordres du roi contre Ch. Theveneau fils, dit de Morande. Tous les faits au placet contiennent vérité, et M. Julliot m'a aussi confirmé que de Morande ne tenait à aucun corps, et de fait c’est un détestable sujet et très dangereux; c'est pourquoi j'ai exécuté les ordres du roi que vous m'avez fait passer contre lui, précédemment au renvoi du placet de son père, dont M. Julliot doit être très flatté, car il le menaçait de laver ses mains dans son sang, comptant que c'était lui qui avait instruit son père de la mauvaise conduite qu’il tenait à Paris, ce qui donnait des frayeurs prodigieuses à M. Julliot.

Morande n'accepta pas avec résignation le juste châtiment de ses méfaits. Il fit tourner la tête de ses guichetiers et, sous la date du 6 juillet 1768, le malheureux Duvergé, con-