Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Il n'y a pas à s’y méprendre. Le diable s’est fait ermite : l’ancien ennemi du trône en est devenu le défenseur respectueux. Toutefois, on ne doit pas le confondre avec ces fanatiques du droit divin qui, par les exagérations de leur plume ou de leur action politique, ont fait tant de mal à la cause de la monarchie mourante. Sur la question de l'intervention étrangère, par exemple, il se montre très catégorique. L'Argus, dès le 8 juin, se prononce nettement contre les intrigues des princes allemands et des émigrés français : « Voici le moment le plus important de la Révolution. Jusqu'à ce jour, elle n’a produit que des crimes isolés ou de lâches complots. Si elle prenait un autre caractère, ce serait celui de la plus atroce férocité. Le peuple se croirait permis de repousser les crimes que l'on voudrait commettre par des représailles qui seraient tout aussi criminelles... L'entrée des troupes dans le royaume ferait couler le sang dans toutes les parties de l’empire. » Et Morande invitait les princes émigrés à rentrer dans leur patrie. Ilva même jusqu'à approuver la convocation des gardes nationales par l’Assemblée. Un peu plus tard, après la fuite de Varennes et l'arrestation du roi, Morande, est l'un des premiers à mettre en circulation la fiction que