Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 247

l’Assemblée adopta, sous la pression de la Fayette. [1 intitule son article du 23 juin : « De l'enlèvement du roi ». Son intention évidente est de faire croire au peuple que le malheureux Louis XVI n’a fait que subir l'influence néfaste de son entourage. « Le roi, en quittant sa capitale, a été trompé et égaré, ou il a été enlevé; dans lun et l’autre cas, ce n’est pas sa personne qui est répréhensible, puisque la sûreté de la chose publique a exigé qu’il fût declaré impeccable. » Avec une grande habileté, le journaliste tire parti de la lettre où M. de Bouillé déclarait à l’Assemblée Nationale que lui seul avait tout ordonné et que, si l’on ôtait un cheveu de la tête du roi, il ne resterait pas pierre sur pierre à Paris. Bouillé est en sûreté : on peut l’accabler d'injures et le charger à plaisir. Cela fera diversion. Aussi l'Argus l'accuset-il (n° du 3 juillet) d'atroce perfidie. « C’est lui qui a conseillé au roi de l'éloigner… Il est heureux pour les Français que l’auteur du complot qui a dirigé l'enlèvement du roi se soit fait connaître à fond. » Mais déjà Pétion et Brissot, tirant parti des conspirations royalistes, demandaient l'établissement de la République. Brissot, l'ancien rédacteur du Courrier de l'Europe, l'ami de Pelporre et de Linguet, paraissait alors le plus dangereux des ennemis