Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 2:59

« dénué d'authenticité ». Il fallut quatre mois et les sollicitations pressantes de Mr° de Genlis pour obtenir la mise en liberté de Brissot, C'est à la suite de sa captivité qu’il accepta les offres du marquis Ducrest!, frère de Me de Genlis et chancelier du duc d'Orléans. Il essaya de prouver son dévouement au duc en écrivant contre le ministère la brochure qui a pour titre: Point de banqueroute, ou Lettres à un créancier de l'État sur l'impossibilité de la banqueroute nationale et sur les moyens de ramener le crédit et la paix. Cet excès de zèle attira à son auteur une nouvelle lettre de cachet; mais, averti à temps, il passa la fron-

1. Ducrest ne brillait pas par la modestie. Il avait fait présenter au roi un mémoire où il se proposait lui-même comme l’homme le plus capable de restaurer les finances et de rendre à Louis XVI l'amour de ses peuples. On chanta :

Grand génie, ardent citoyen,

Ce que tu promets n'est pas mince:

Mais, si tu possèdes si bien L'heureux talent de faire adorer notre prince, Commence donc par faire aimer le tien.

V. Grimm, Corresp., t. XIIL, p. 463.

Le marquis Ducrest se piquait de protéger les gens de lettres. Il avait décidé le duc d'Orléans « à suivre l'exemple de M. de Calonne et à pensionner douze trompettes dont voici les noms : MM. Marmontel, Gaillard, l’abbé de Lille et de la Harpe, de l’Académie française; messieurs Bertholct, Lavoisier, de la Place