Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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la faction d'Orléans et s'était laissé nommer par le duc secrétaire général de la chancellerie du Palais-Royal. Il n’en fallait pas plus pour que la cour l’exécrât et le désignât aux coups d’un pamphlétaire à gages.

Personne n'était plus apte que Morande à faire une campagne de diffamation et de calomnies contre Brissot. L’ex-Gazetier cuirassé avait bien des motifs de ne pas l'aimer. Il le savait intimement lié avec Linguet, qui avait dirigé et protégé ses débuts dans la carrière des lettres; et nous avons dit quels étaient les sentiments de Morande pour l'annaliste-avocat. De plus, le Gazetier cuirassé soupçonnait Brissot d’avoir participé à la rédaction du Diable dans un bénitier et il contribua à le faire mettre à la Bastille, le 12 juillet 1784, en même temps que son collaborateur présumé, M. de Pelporre. Morande avait obtenu l’arrestation de Brissot, en produisant et en adressant à la police française un certificat d’un garçon de l'imprimerie d’où était sorti le Diable dans un bénitier. Un rapport de M. le Noir à M. de Breteuil établit que ce certificat était

1. Brissot donne la date de son incarcération dans sa Réponse à tous les libellistes qui ont attaqué et attaquent sa vie passée. Paris, 10 août 1791, broch. in-89, P' 19.