Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION 261

laissé intimider et « a déconcerté par ses regards plus d’un de ces brigands ». Alors on a charigé de batteries, et, comme on n'osait pas prendre sa tête, on a essayé de la calomnie. Les ty rans avaient encore bien des ressources. « La liste civile, le trésor public, les places étoient à leurs ordres, et les libellistes, les délateurs * mercenaires à leurs pieds. L’or a coulé, et la capitale a été inondée et d'émissaires qui préchoient dans tous les lieux publics contre les Jacobins; et de trompettes qui hurloient les grandes conspirations découvertes (encore à découvrir); et de pamphlets qui désignoient au peuple et aux gardes nationales leurs victimes ; et de journaux qui versoient au loin le poison, fabriqué dans la capitale !. » Et que peut-on lui reprocher, à lui Brissot ? On l’accuse d’être payé par les puissances étrangères? Mais il est pauvre et n'a ni Caisse ni portefeuille. On prétend aussi qu'il a fait des dupes en Angleterre et s’est emparé de la fortune de ses associés. Si l'on a des pièces, qu’on les montre et qu’on les dépose chez un officier public : l’un de ses ennemis n’a-t-il pas déjà produit pour le perdre un faux certificat arrivé de Londres? Et celui qui a commis cette infamie, qui est-il?

1. Réponse à tous les libellistes, p. 34.