Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Il faut le démasquer. « Lecteur, voulez-vous connaître la main qui, depuis quelque temps, essaie de me déchirer et dans des journaux et dans des placards, cette main qui reproduit sous tant de formes les impostures qui, depuis six ans, souillent le Courrier de l'Europe? Lisez, écoutez, les témoignages qui s'élèvent contre ce libelliste. Le nommer, c'est le peindre; Morande est son nom. Je dois, pour le bien public, faire une bonne fois justice de cette (sic) insecte qui s’attache aux meilleurs patriotes. »

Commencée sur ce ton, la philippique contre le malheureux Morande atteint immédiatement la dernière violence. Brissot rappelle les débuts de son ennemi, ses entreprises de chantage, sa négociation lucrative avec les agents de Louis XV et de sa maîtresse, ses démélés avec Linguet, M. de Lauraguais et M!° d’Éon. I1 l'accable sous les témoignages du mépris public. C'est Voltaire qui, caractérisant le Gazetier cuirassé dans ses Questions sur l'Encyclopédie ‘, s'exprime ainsi : « Il vient de paraître un de ces ouvrages de ténèbres où, depuis le monarque jusqu'au dernier citoyen, tout le monde est insulté avec fureur, où la

1. Édit. de 1772, t. IX, p. 224.