Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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que dorénavant il se servira de sa liberté de manière à répondre à l'intérêt dont avez paru l’honorer dans la recommandation expresse que vous m’avez fait passer à son sujet.

Mais, à peine libre, Theveneau se hâta d’oublier les promesses qu'il avait faites au frère Croquison; il commit une ode contre M. de Saint-Florentin, grave imprudence, puisque ce personnage possédait une réserve toujours prête de lettres de cachet et, pour échapper à l'exempt Marais, il gagna au pied, s'enfuit à Liège, puis à Bruxelles, enfin à Ostende d'où il prit la route de l'Angleterre.

Ce n’était pas tout que de ne plus avoir à craindre l’indiscrétion brutale de la police française : il fallait vivre. L'élégant persécuteur de M'° Danezy était arrivé à Londres dans une détresse absolue; mais, en homme de ressources, il ne tarde pas à trouver sa voie. Il se frappe le front, et tout aussitôt sa malfaisante carrière se dessine. Il y avait à Londres, comme il s’en est toujours rencontré dans les grandes capitales, une foule d'hommes vicieux, sur le retour, qui cherchent dans des plaisirs équivoques à ranimer leurs sens blasés. Theveneau se fait le compagnon et le serviteur de ces débauchés méprisables, puis les met à con-