Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 287
partis extrêmes, écrit-il le 6 mars 1792, ont chacun une chance, si nous avons la guerre. Les républicanistes et les Orestes de l’ancien régime se flattent que, dans un incendie général, ils trouveront le moyen d'arriver à leur but. Les patriotes qui ne veulent que la Con stitution croient avec raison que leurs espérances sont plus solidement fondées sur la défaite des exagérés dans tous les sens quesur les conséquences d'une invasion sur le terrain des puissances étrangères. Pour faire la guerre chez les autres, et la faire sans fouler le peuple, il faut y porter de l'argent. Pour la faire avec succès, il faut y conduire de l'artillerie et des troupes disciplinées qui ne se laissent point enlever. Ce n’est pas le courage qui manquera aux Français. Il ne s'agit pas seulement de conduire des hommes braves au combat; il faut qu’ils y marchent avec ordre, qu'ils n'aient qu’une volonté et qu’ils ne forment qu’un ensemble. »
Telle était évidemment l'opinion du roi, lorsqu'il redemandait son portefeuille à M. de Narbonne. Le ministre de la marine, Bertrand de Molleville, en désaccord avec Narbonne, tomba par compensation. Quant à M. Delessart, ministre des affaires étrangères, l’Assemblée, par décret du 10 mars rendu sur la proposition de Brissot, le mettait en accusation pour avoir trahi