Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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des Sablons, d'y pendre Maupeou et de prendre un écu par personne aux spectateurs. » Le libelliste, avec toute la haine d’un déclassé et d'un bohème de lettres, crible de sarcasmes amers tout ce qui estau-dessus de lui. Beaumarchais n’aurait pas renié le traitsuivant : « Il court une lettre que la noblesse est censée avoir écrite aux princes du sang, qui parle très fortement de l'administration et des devoirs du souverain. La roture cependant lui dispute l'honneur de l'avoir faite; on la croit de M. Dalembert, qui écrit tout aussi bien ques’il étoit gentilhomme. » Souvent l'ironie du gazetier va jusqu'à l’injure, tout en conservant une forme originale et piquante : « Il est confirmé que M. le duc de Praslin, s'étant mordu le doigt en rongeant ses ongles, est tombé dans un accès d'hydrophobie qui l’a emporté en 24 heures. » Ou encore : « M. le duc de la Vauguyon ayant écrit une lettre à l'archevêque de Paris, dans laquelle il lui annonçait qu'il allait communier et lui demandait sa bénédiction, Mn° de T... qui s'annonce dans le monde par ses bons mots, ditque,si Dieu pouvait se dispenser d'entrer dans le corps de ce saint homme, il se ferait bien de l’honneur. »

On se prendrait à croire que Theveneau de Morande s’est inspiré du Barbier de Séville ou du Mariage de Figaro, si la première de

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