Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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que Louis XV rendait le dernier soupir, sans avoir acquitté sa dette. Cette catastrophe était

de cet associé :ilest au-dessous de mon mépris.Je vous supplie donc, Monseigneur, de ne pas prendre comme un manque de respect envers vous, ni une mauvaise volonté de ma part, la résolution sage et constante où je suis de n'avoir plus aucune négociation à faire avec deux pareils sujets. Je ne vous dirai pas que le sieur Caron a communiqué au sieur de Morande ce que j'ai écrit à son sujet au feu roi et à M. le comte de Broglie, en 1774, par rapport à son ouvrage sur Mne Du Barry; que de pareilles infidélités et tant d’autres sont bien désagréables dans mon état; mais je me plaindrai de ce qu’il lui communique presque toutes mes affaires avec la cour, et que celui-ci s’en va par la ville, les distribuant de café en café, de maison en maison. Est-ce ainsi que vous prétendiez être servi, Monseigneur, dans une affaire, sur laquelle vous me faisiez imposer un silence profond? Cette imprudence est une des moindres qu’on ait commises. À quel risque, en effet, M. de Beaumarchais ne s’est-il pas exposé en faisant, à mon insu, retirer de l'hôtel de lord Ferrers le coffre de mes papiers ministériels par son ami Morande qui, peu de temps après, a témoigné le regret qu’il avoit de n’avoir pas retenu ce coffre pour mettre M. de Beaumarchais ou la cour de France à contribution ! » Comme M. de Pomereux, Beaumarchais avait pris sérieusement d'Éon pour une femme et lui avait offert de l’épouser. D'Éon, dans la même lettre, se moque agréablement de la méprise du négociateur : « Comme il s'était mis en tête qu’en m'épousant il deviendrait bientôt ambassadeur extraordinaire, et Morande son secrétaire d’ambassade, ils peuvent prendre en passant cette leçon politique de Mile de Beaumont. » V. aussi l'Espion anglais t. IX, p. 1 à 25.