Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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anglais les employés infidèles qui vendaient ses secrets à la France, et le fameux Goëzman, dont personne n'ignore le procès retentissant avec Beaumarchais. L'ancien membre du parlement Maupeou, tombé de lamagistrature dans la police, avait été envoyé en Angleterre par Maurepas et de Sartine, dans le courant de l’année 1778, sous couleur de travailler à une histoire de la guerre d'Amérique, mais, en réalité, pour surveiller la confection et la vente des libelles dirigés contre la cour de France. Il touchait 100 pistoles par mois et correspondait avec le lieutenant-général de police par l'intermédiaire des sieurs Guillaume Larcher et J.-B. Carré qui demeuraient tous deux au n° 46 de la rue de Richelieu. Il signait ses lettres John Williams et se servait d’un chiffre, ni plus ni moins qu’un ambassadeur. Avec l'absence descrupules qui caractériseles hommes tarés, Goëzman, qui se faisait appeler le baron de Thurne, avait lié sa fortune à celle du libraire Boissière. Goëzman et Boissière étaient bien faits pour se comprendre, car ils poursuivaient le même but : s'enrichir, en trahissant à la fois les réfugiés français et le gouvernement du roi Louis XVI. Entre temps, les deux associés espionnaient aussi la cour d'Angleterre. Boissière avait introduit le baron de Thurne chez