Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Il s'assurait par cette tactique les bénéfices considérables attachés à la vente du libelle et se posait, du même coup, en victime de la haine de ses anciens confrères, mais c'est là un raisonnement trop spécieux pour tenir lieu de preuve. Quelque soit, du reste, l'auteur du Diable dans un bénitier, ce petit ouvrage fournit de vives lumières sur les opérations de la police française à Londres, aux derniers jours de l’ancien

cousins, les savetiers de l’endroit, qui connoissent par leurs noms et surnoms tous ceux qui ont fini en public, en Bourgogne. »

Dans la Réplique à Brissot, p. 37, Morande attribue à Brissot lui-même la paternité du Diable dans un bénitier. « Je suis étonné, écrit-il, que Brissot n’ait pas parlé du Diable dans un bénitier, ouvrage très curieux, très piquant, très spirituel et surtout très moral. Il y a de grandes probabilités que c’est avec ses plumes, son papier et sur sa table, si ce n’est de sa plume, que cet ouvrage a été écrit. J’en suis encore le héros. C’est moi qui suis ce diable dans un bénitier, et on ne m'a trouvé diabolique que parce qu’en effet, j’empéchai, en 1784, que l’on n’achetàt des projets de libelle qu’un auteur inconnu (Brissot était alors à Londres et intimément lié avec le négociateur) proposait de vendre pour quelques centaines de guinées. »

Plus loin (p. 41) Morande avoue qu’il a remis « non pas à la police, avec laquelle il n’a point eu de liaison (c’est lui qui le dit), mais à M. d’Adhémar, ambassadeur de France en Angleterre, le certificat d’un imprimeur qui atteste que les épreuves du Diable dans un bénitier avaient été corrigées par Brissot. Si les épreuves du diable dans un bénitier.. ont été corrigées par Bris-