Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE POLICIER. 65

France littéraire, en rapporte l’honneur ou le déshonneur tantôt à Morande et tantôt à Lafitte de Pelporre. Les notes de police recueïllies par Manuel se prononçaient dans le sens de cette seconde conjecture, qui nous paraît beaucoup plus sérieuse, car l'auteur anonyme du Diable traite Morande avec un profond mépris. Il est vrai que le Gazetier cuirassé était bien capable de se traîner aux gémonies de sa propre main, pour donner le change à la police française, aux gages de laquelle il se trouvait déjà !.

1. Voici en quels termes violents l’auteur anonyme du Diable dans un bénitier parle de Theveneau de Morande : « On manda le Gazetier cuirassé. Peu de gens étoient plus propres que lui à former une société agréable pour le baron de Livermont (pseudonyme de l'agent de police Receveur). Godard lui-même (autre agent de police) avoit trop de noblesse dans âme. Un cœur aussi noir, aussi dur, quoique pleurant quandilena envie, unetournure d'esprit aussicommune, des expressions aussi basses, ce même argot qu'il a apporté de Bicêtre et que le baron, qui y passe la moitié de sa vie, possède supérieurement pour le genre humain, le même front qui ne rougit jamais, la même lâcheté dans l’âme,en un mot une sympathie dont il est bien peu d'exemples dans ce monde, sembleroïit prédestiner notre Gazetier cuirassé à partager les plaisirs du recruteur de Bicêtre. Le gazetier joignoit à des qualités analogues à celles du sbire une grande connoïssance du théâtre des exploits du baron, un plaisir à entendre le récit du destin de ses anciens compagnons, un certain goût qu'il a conservé pour les histoires de voleurs dont se repaissent à Arnai-le-Duc ses oncles, ses

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