Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE POLICIER. 6g

était venue tout de suite, hâtée par la funeste catastrophe de la place Louis XV, pendant les fêtes données par la Ville. Quand le dauphin fut devenu le roi Louis XVI, il ne sut même pas faire respecter la reine et permettait à des histrions de parodier sur le théâtre de Versailles les coiffures à plumes de Marie-Antoinette. Sous Louis XIV, pas un courtisan n'eût osé relever les plus énormes inconséquences d'une princesse du sang. Louis XV lui-même conservait, au milieu de ses déréglements, à travers les hontes de sa vie privée, ce grand air bourbonien qui couvrait tout et tenait la cour en respect. On se trouvait encore devant une attitude imposante, qui conservait aux personnes royales un reste de prestige. Mais, après 1774, il n'y a plus ni autorité, ni décision, ni clairvoyance : le représentant du pouvoir absolu n'abandonne pas seulement l’action gouvernementale, mais l'honneur de sa maison aux discussions passionnées de la cour, aux invectives des démagogues et à la haine raffinée des pamphlétaires. En 1789, le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche à Paris, écrira à Marie-Antoinette : « Il devient très urgent que le roi fasse sévir contre l’effroyable licence de la presse. On est inondé de brochures infâmes qui déshonorent la nation à la face de