Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Angleterre par M. de Sartine pour surveiller le libraire Boissière et ses complices les libellistes, n’avait eu rien de plus pressé que de s'entendre avec ceux dont il devait signaler les dangereuses spéculations. Les notes de police lPaccusent formellement de n'avoir appris au ministère l'existence du pamphlet intitulé Les Amours de Charlot et de Toinette que pour le faire acheter à son ami Boissière, qui, très probablement, partageait avec lui le prix du marché. Boissière délivra un recu, daté du 31 juillet 178r et constatant que ledit Goëzman, surnommé baron de Thurne, avait payé 1,000 livres sterling toute l'édition, au nom du gouvernement français. Lorsque le ministère tardait à financer, on lui annonçait immédiatement la prochaine publication d'un autre pamphlet, tantôt une Vie de la reine, tantôt une Vie du comte d'Artois. Sous le coup de pareilles menaces, le comte de Vergennes écrivait au lieutenant-général de police Lenoir, le 8 avril 1783 : « C’est une bien mauvaise tête que ce Goëzman, mais, à moins de preuves (il n'ignorait point pourtant ses liaisons perfides avec lord Shelburne), je ne me permets pas de le soupconner d’être le complice des ouvrages infâmes qu’il dénonce; il faut éclaircir ses intrigues ». Et qui le ministre désignait-il