Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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au ministre plénipotentiaire de France à Londres, le comte de Moustier, et voyageait comme un gentilhomme de haut rang, sous le nom de baron de Livermont. Le ministre de France dut héberger dans son propre hôtel toute la bande des policiers, qui comprenait, outre le baron de Livermont, son adjoint nommé Godard, agent de police payé à Paris 6 francs par jour et 12 francs à Londres, puis le sieur Humbert, ancien abbé, ancien houssard. Ces deux hommes parlaient un peu l'anglais. Dès son premier entretien avec M. de Moustier, Receveur comprit la nécessité de recourir aux lumières de Theveneau de Morande. Sous l'inspiration du pseudo-baron de Livermont, le chargé d’affaires de France écrivit à M. de Vergennes pour insister sur la nécessité de s'assurer le concours du Gazetier cuirassé : « Le plus désirable en pareil cas, lit-on dans cette lettre, seroit d’avoir à sa dévotion un homme qui auroît fait le même métier, pourvu que l'on pût se persuader que ce ne fût pas l'homme lui-même. Je ui (à Receveur) ai cité un particulier distingué dans ce genre détestable, en lui nommant le sieur Morande. » On devine que Receveur accepta immédiatement la collaboration du Gazetier cuirassé. L'ancien libelliste passait décidément à l’état d'agent