Trois amies de Chateaubriand

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comme presque toute la société portait le deuil du duc Ferdinand de Parme,Juliette, blanc et or, semblait une déesse radieuse.

Quelques jours plus tard, le galant Reichardt se mit en devoir de présenter ses hommages à la déesse. « Il ne fait pas encore jour chez madame », répondit le portier. Reichardt ajoute : « C’est l’expression courante pour donner à entendre qu'on se présente trop tôt ou que personne n’est reçuL». Probablement!... La semaine suivante, bal chez Mme Récamier. Reichardt y est. « De minuit à trois heures, dit-il, j'ai joui là de tous les raffinements du luxe élégant. » Et il raconte son plaisir.

L'hôtel du banquier n’est pas très grand; maus il a bon air, au fond d’une cour que de belles constructions encadrent. Il est bien éclairé, garni « d’une forêt d’arbustes rares et de fleurs à profusion ». Aux dames qui arrivent, Juliette, empressée et gamine, demande :

— Voulez-vous voir ma chambre?

Certes! Elle prend le bras de son amie, l’emmène; et les hommes suivent.

Voici la chambre de Juliette, voici le sanctuaire. Une pièce très haute, tout ornée de glaces, de tableaux et de bronzes. En face des fenêtres, une g'ace tient tout le panneau; et ici, sur une estrade où l’on accède par deux marches, 1l ÿ a, (nuage de mous-

° 4. Un hiver à Paris, p. 89 (Lettre VII, 29 novembre 1802).