Trois amies de Chateaubriand

162 TROIS AMIES DE CITATEAUBRIAND

ment de ce soleil qu'était le cœur de René. Ces deux majestés, l’une du génie et l’autre de la beauté, usèrent d’une indulgence réciproque. Et il me plaît de savoir que ce royal amour eut pour cachette cette royale résidence, Chantilly, avec son château, sa forêt magnifique à l'automne, son faste et son histoire! + + *

Si, pour démontrer que Juliette et René furent des amoureux, de vrais amoureux, les billets de René ne suffisaient pas, — ces billets, et puis divers témoignages, et puis encore les simples vraisemblances, voici des preuves, ou peu s’en faut, des preuves qu’il n’est pas facile de démentir ou de négliger.

La source n’en est pas bien élégante : ce sont des documents de police, des travaux de cabinet noir, des manigances mal recommandablest, Mais, blâmons-les, ne les omettons pas. :

Après la dissolution de la Chambre introuvable Chateaubriand n’était pas bien en cour. Et l’on sait aussi comme le roi Louis XVIII aimait les potins. Bref, l'administration des postes envoyait au directeur général de la police, pour le roi, copie des lettres intéressantes qu’elle avait trouvées. Elle en trouvait d’admirables et, afin de ne rien manquer d’attrayant,

1. Ces documents ont été trouvés et publiés par M. Ernest Daudet. Voir Le Temps du 22 décembre 1898. Son article, très intéressant et neuf, porte ce titre : « La police et Chateaubriand, 1816-1820 »,