Trois amies de Chateaubriand

166 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

Tel que nous connaissons Chateaubriand, — si voluptueux, et Juliette était si belle! si vaniteux, et Mme Récamier avait éconduit le prince de Prusse! un peu pervers, et cette dame était une jeune fille! —— comme il dut être content d’une telle victoire de

son agrément! Et puis il se lassa. Dans les choses - du cœur, il ressemblait un peu à ce conquérant d’An… nibal, qui savait vaincre, mais qui ne profitait pas , Jongtemps de ses victoires.

La diplomatie le divertissait de l'amour: le congrès de Vérone l’amusait extrêmement; il songeait à la guerre d’Espagne, qui était sa grande idée politique. En outre, diverses dames loccupèrent, La liste des femmes qu'il aima et qui le lui rendirent sans dureté est aussi longue à peu près que la liste des hommes qui aimèrent Juliette Récamier : seulement, elle, ne le leur rendait pas. À cause de cela, elle aurait voulu que René, son seul amour, lui fût fidèle. Ce n’était pas sa nature,

On peut croire qu’il la trompa bientôt, Le même «observateur » à la vigilance de qui nous devons la seule lettre d'amour de Juliette rédigea, le 5 janvier 1820, une note où, après avoir mentionné les ennuis d'argent du grand homme, il dit : « Malgré tant de causes diverses de mécontentement, M. de Chateaubriand continue ses intrigues de galanterie, non aujourd’hui avec Mme Récamier, mais avec la femme du musicien L. Il lui écrit tous les jours et reçoit d'elle de tendres billets. » Voilà,

Les lettres de 1822, adressées de Londres à Juliette