Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 185

tainement... « On se plaint de mon absence. On demande mon retour. Mais, avec une personne qui manque de vérité, on ne sait jamais vivre. » [l y a là de l’amertume; et dix-huit mois d'absence n’ont pas apaisé la souffrance, la jalousie et la déception de Juliette. Elle a quitté Paris, fuyant, non l'amour, mais le secret abandon de René; elle l’aimait passionnément. Après dix-huit mois, elle réussit à le juger avec une lucide justesse. Les jaloux Ballanche et Ampère, officieux, faiseurs de complications, l’excitaient contre leur rival. Maintenant, elle avait décidé que Chateaubriand « manquait de vérité » : elle Paiïmait encore, puisqu'elle avait tant de colère et de chagrin.

Tels furent les orages de cet amour, qui a un air de sérénité souveraine, et qui subit de dures alarmes, et qui ne s’apaisa qu’au prix d’une longue souffrance. Il ne faut pas qu’on se fie à ces visages de tranquillité que leur beauté parfaite empêche de grimacer leur douleur. Derrière le divin sourire de cette plus belle femme de son temps, Juliette Récamier, il y a une âme de mélancolie et de fièvre, qui frissonne aisément. Et il n’est de repos qu'après la fatigue; il n’est de calme que lentement acquis par la patienee des tribulations.

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Chateaubriand avait, cependant, mille difficultés. Au mois de mars 1824, Mme de C... était jalouse de Mme H.. Et, Mme H.., il paraît qu'on peut la

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