Trois amies de Chateaubriand
184 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
Mme de C... que son cœur n’est pas fatigué. Sincèrement. Il était vieux avec son vieil amour; et, avec son nouvel amour, il était jeune et fringant. Son âme sensible eut toujours une vive aptitude à se teindre des couleurs environnantes; et ce fut comme si les jeunes femmes qu’il aimait successivement, avec une ardeur assidue et toujours renouvelée, lui communiquaient, par un phénomène de contagion gracieuse, une persistante jeunesse.
De Chambéry, Juliette répondit, un peu sec. Sa lettre est perdue. Mais nous avons la réplique de Chateaubriand : « Ce billet, dit-il, m'a fait une cruelle peine. Le monsieur m'a glacé... »
Elle l'avait appelé monsieur : il n’aimait pas Ça. Vingt ans plus tôt, quand il commençait d’être infidèle à Pauline de Beaumont, il eut un jour avec la reine des roses une petite querelle de tendresse; et il lui écrivit : « Je crains de vous importuner; vous m'avez traité si mal que je suis tenté de vous appeler madame...» Après vingt ans, Juliette, sans le savoir, le punissait par un monsieur d'une madame. Et cela, si nous y mettions de la complaisance, nous ferait douter de l'injustice immanente.
Au printemps de 1825, Mme Récamier annonçait à. Paul David le projet de rester en Italie jusqu'à la fin de l'été. Elle redoutait Paris : « Je crains d’y retrouver des agitations qui me sont odieuses. Je reçois des lettres douces. » Des lettres de René, cer-
4. A. Banpoux, Madame de Custine (Paris, 4899), p. 136.