Trois amies de Chateaubriand
MADAME RÉCAMIER 187
Mme de Chateaubriand — car il y avait Mme de Chateaubriand ; ne Favions-nous pas oubliée, à peu près comme loubliait Chateaubriand lui-même? mais la voici — donc, Mme de Chateaubriand v’allait point à merveille. Elle résolut de partir pour la Suisse: elle ” s'installerait à Neuchâtel; Chateaubriand viendrait l'y rejoindre; et il travaillerait à l'édition de ses œuvres, à des œuvres nouvelles, car il manquait
d'argent. Oui; et, le 28 juin, à dix heures du matin, il écrivit à Mme de C... : « Mme de Chateaubriand vient de
partir. Je dînerai chez vous; je serai chez vous à cinq heures. Nous ferons nos arrangements pour nos voyages. À vous pour la vie. » Pour la vie, — évidemment!... Mais, « à vous », — car il n’est plus très familier.
Est-ce que Chateaubriand n’aimait pas du tout sa femme? Pas du tout, ce serait beaucoup dire. Elle lui fut assez bonne; enfin, bonne autant qu'elle le put. Seulement, il avait une tête exigeante.
Mme de Chateaubriand était maladive, Chateaubriand la soigna de son mieux, et assez bien pour qu’elle voulût écrire à Joubert, un jour : « Le bon chat est à la messe... J’ai peur quelquefois de le voir s'envoler vers le ciel, comme un ange; car, à la vérité, il est trop parfait pour habiter cette mauvaise terre. Quels soins il m'a prodigués. pendant ma maladie! quelle patience! quelle bonté! » Il ya là, probablement, un peu d’ironie, mais affectueuse et, tout compte fait, reconnaissante, On a justement