Trois amies de Chateaubriand
MADAME RÉCAMIER 225
Juliette était là, dans cette petite chambre pauvre qui ressemblait à une cellule de couvent, dans cette petite chambre et auprès de ce lit de fer où s’apaisait, où s’endormaït pour l'éternité incertaine cette âme de tempête.
Les dernières heures, comme Chateaubriand ne parlait plus et comme Juliette était aveugle, Juliette ne savait pas où en était cette aventure de mort, Elle non plus ne parlait pas; elle participait à ce stjence qui préludait au silence final.
Et elle ne vit pas que Chateaubriand mourait. Mais elle l’entendit, lorsque les prières se turent.
Aïnsi mourut René, en compagnie peu nombreuse de tendresse et de piété. Dans la petite chambre et dans le lit de fer, il n’y eut plus rien, que le silence et le repos. Seule durait une mémoire terrible et alarmante, qui n’a pas fini d’inquiéter les âmes, de les séduire et de les tourmenter,
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Après la mort de Chateaubriand, Mme Récamier ne pleura point; sa douleur n’eut pas de révolte et son désespoir était calme à cause de la certitude qu’elle avait de ne pas survivre longtempst. Elle devint étrangement pâle et prit le deuil. À l'heure où d'habitude René venait la voir, si la porte s’ouvrait, elle tressaillait; aveugle et fidèle aux souvenirs, elle avait des apparitions soudaines de son ami.
4. Tous ces détails, je les emprunte aux Souvenirs de Mme LzNORMANT, tome IT, pp. 564 et suiv.