Trois amies de Chateaubriand
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230 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
la première fois Juliette Récamier, qu'il ne devait aimer que dix-sept ans plus tard, — cette année-là, naquit à Milan Hortense-Thérèse-Sigismonde-Sophie-Alexandrine Allart, qu'il devait aimer vingthuit ans plus tard.
Ainsi la bienveillante, féconde et scandaleuse nature pourvoyait aux amours de René : elle lui préparait un perpétuel renouvellement d’affectueuse jeunesse.
Les Mémoires d’outre-tombe, qui racontent tant de choses, — souvent exactes, — sont à peu près silencieux, pour ce qui est d’Hortense. Ils ne la mentionnent qu'une fois, et seulement comme une distincuée femme de lettres : « Madame Tastu marche au milieu du chœur moderne des femmes poètes, en prose ouen vers, les Allart, les Waldor, les Valmore, les Ségalas, les Révoil, les Mercœur, etc., etc. : Castalidum turbat, » Belle énumération, flatteuse, mais où l’on n’aperçoit pas qu’une tendresse soit dissimulée. Chateaubriand, dans ses Mémoires, parle beaucoup de ses amies; mais il a honorable soin de présenter ses amours comme des amitiés : le reste, il le donne à entendre... Avec Hortense, ce n’était pas possible. Cette aimable femme avait eu de si célèbres et nombreuses aventures, qu’en se disant son simple ami, Chateaubriand risquait le ridicule. Il supprima cette anecdote d’une existence qui était assez riche, au surplus, sans cela,
4. Mémoires d’outre-tombe, tome XI, p. 397.