Trois amies de Chateaubriand
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désigner ce qui, en somme, lui était agréable. Et, moraliste, ellerecommande aux jeunes filles de suivre la nature « noblement », s’il est possible; en tout cas, de la suivre.
Sampayo, bel esprit, religieux, mystique même, abandonna Hortense comme elle était sur le point d’être mère. |
Abandonnée, et dans ces conditions-là, Hortense partit pour Florence, afin d'y cacher le résultat de son aventure, qui bientôt naquit et reçut l’héroïque prénom de Marcus.
L'histoire fut connue à Paris, malgré le courageux exil florentin. Un jour, le 8 mars 1827, à l'Abbayeau-Bois, chez Mme Récamier, il y avait le bon Ballanche, le critique d’art Delécluze, Mme Lenormant, Mme Salvage. Je ne sais pas si Chateaubriand était là... On parla de Delphine Gay et puis de sa cousine, Hortense Allart. Soudain, Ballanche dit : « Elle est à Florence, elle vit là... qui donc m’en a parlé?... » — « Écrit-elle quelque chose, en Toscane? » demanda Mme Salvage. Et l’'innocent Ballanche répondit :
Oh! oui, je crois qu'elle a produit quelque chose. » À ce mot de produire, il y eut deux ou trois personnes à se pincer les lèvres pour ne pas rire. On affecta d'ignorer que, pour le moment, la production principale de Mlle Hortense Allart, c'était le jeune et bien vivant Marcus! Et je ne sais pas si Mme Récamier eut envie de rire; mais, deux ans plus tard,
4. Cette anecdote est racontée par DELÉCLUZE, dans ses Souvenirs, que cite M. Bonnefon.