Trois amies de Chateaubriand
HORTENSE ALLART 241
Hortense n’était pas pour elle un sujet de gaieté... Il y a ainsi, dans le désordre des hasards, de petits faits qui ont l'air d’avertissements; mais les hasards sont si malicieux que, même alors, ils ne donnent que d’incompréhensibles prophéties. Et ainsi va la vie, d’une allure distraite, amusée, imprudente, un peu folle,
C'était tout de même vrai, comme l’angélique naïveté de Ballanche avait voulu le dire, qu’en Italie Hortense Allart écrivait. Cette petite George Sand avait commencé de bonne heure. À vingt et un ans, au lieu de n'être que futile, ainsi que l'y engageaient et la jeunesse, et la beauté, la nature aussi, elle publia une étude de La Conjuration d’ Amboise; deux ans plus tard, des Leitres sur Mme de Siaël; deux ans plus tard, un roman de Gertrude, où elle mit beaucoup de son cœur qui avait aimé. qui avait souffert.
I ne faut pas qu’on se moque d’elle par trop : elle fut vaillante; et elle écrivit beaucoup, pour gagner sa vie.
Elle écrivait, de temps en temps, à merveille, pour peu que son cœur y fût. Et, de temps en temps : aussi, elle se dépêchait excessivement. Ainsi, elle admirait l'Histoire du Consulat de M. Thiers; et ! alors : « C’est simple et noble, plein au fond d’une chaleur et d’une élévation qui se contiennent à la manière des bons écrivains. » Du reste, elle avait une théorie-là dessus. Elle raillait les « poètes » et les & gens du monde » qui « ne comptent dans une his-
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