Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 267

prenait soin de sa garde-robe, vous vousfâchezcontre elle! Vous n’en auriez pas eu le courage, si vous l'aviez vue alors. Elle se mettait avec tant de goût, et tout lui allaït si bien! » Comme c’est gentil, comme €’ est un peu dégoûtant, le Béranger!.…

Il argumente : « D'ailleurs, elle n’eût pas mieux demandé de tenir de moi ce qu’elle était obligée d'acheter d’un autre, Mais comment faire? Moi, j'étais si pauvre. La plus petite partie de plie me forçait à vivre de panade pendant huit ; jours, panade que je faisais moi-même, en entassant rime sur rime et tout plein de l'espoir d’une gloire future. » Écrit-il assez mal, ce Béranger!... On dirait qu'il cherche les mots inutiles qui pourraient alourdir encore un peu ses phrases, ou les rendre plus niaises; et il les trouve, ceux-là, il les trouve!.. L'espoir d’une gloire future, oui, et le regret d’une gloire passée, et la jouissance d’une gloire présente ; — enfin, quelle horreur !

Puis il raconte qu'à évoquer seulement cette (riante époque » de sa vie, ses yeux se mouillent de € larmes involontaires »… Involontaires!… Ladessus, il affirme que la jeunesse est « une belle chose », et la vieillesse « un âge si déshérité et si pauvre ». Ah! il a des idées!

Et, naïf d’une façon presque charmante, il donne à Hortense des conseils dont elle n’a pas besoin : «Aimez et laissez-vous aimer... » Et puis : «N’aimez pas avec votre tête; arrivée à mon âge, vous n’oseriez pas regarder en arrière, car vous ne.seriez sui-