Trois amies de Chateaubriand
284 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
niosité : « Avez-vous lu Voltaire et Frédéric le Grand ct Montesquieu? Ne connaissez-vous que Mme Récamier et sa coterie, depuis Port-Royal? Peut-on écrire de ce ton, si on est sérieux et honnête homme? Oui, comme Horace qui parle à chaque instant de Jupiter, ce qui le placera moins haut parfois que Béranger.. »
Horace et Béranger, cela n’est pas du tout mauvais! Et le Jupiter d’ Horace qui devient une sorte « de Dieu des bonnes gens »,— Hortense Allart avait beaucoup d'esprit et, quelquefois, elle mettait les choses au point.
Mais elle songe à ses amours; et elle y songe, pour le moment, de manière philosophique : « Allez, une femme qui honore la vérité ne pouvait être à vous et à M. de Chateaubriand qu’en passant. » L’inquiétant aveu! et comme nous nous méfierons, désormais, des femmes qui honorent la vérité! N'y at-il de vérité, vraiment, qu’auprès des femmes qui pratiquent, avec naturel, le mensonge? « Il était doux d’être à vous deux... » Et à quelques autres : honorons la vérité. « Mais on n’aurait voulu avouer vos idées, jamais. Vous n'êtes pas des hommes sérieux, ni convaincus, ni pieux, ni sûrs. Il faut suivre la science naturelle; si on en dérive, on se trompe; il n’y en a pas deux, il n’y a deux mots à rien, scélérat!... »
Je me souviens de Tolstoï qui disait, un jour, devant moi, rudement :
— La vérité est unel