Trois amies de Chateaubriand
ETS CONTE.
RTS CE le 2, : Fr : 7 r- DOVE EN Par.
288 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND
Un assez risible gaillard!, mais qui connut bien le lundiste, Nicolardot, raconte que Sainte-Beuve avait une bonne, Cette bonne lui vola dix francs. Il le sut; et il se promit de chasser la friponne. Mais il ne la chassa point tout de suite, parce qu'avant d’être chez lui elle avait servi quelque temps chez Augustin Thierry. En causant avec elle, SainteBeuve pouvait avoir de jolis petits renseignements relatifs à Augustin Thierry. C’est ainsi, auprès de sa bonne ou d’autres personnes étrangères aux muses, qu’il se munissait des ragots qui étaient la substance de sa critique littéraire. Et puis, quand il sut tout ce qu’il voulait savoir, il chassa la friponne.
Or, Sainte-Beuve détestait Chateaubriand. Il le jalousait ; il enrageait de n’être ni beau ni poète. Et les deux volumes qu’il a consacrés à l’auteur d’ Aiala témoignent d'une véritable haine. Alors, quand Hortense lui marqua de la sympathie, il fut enchanté: que n’allait-il pas apprendre au sujet de Chateaubriand?.. Mais, dès qu’il crut avoir tout appris, il n'avait plus que faire d’Hortense; et elle le dérangeait de ses travaux.
Un jour, qu’il fut content! Hortense avait écrit un roman, une sorte de roman, Les Enchantements de Prudence, qui est, si l’on peut dire, le journal de ses imprudences?. Il y était abondamment question de Chateaubriand, — et, dame, comme d’un vieillard qui fait le gentil. Hortense ne songeait
4. Louis NicozarDoT, Confession de Saïinte-Beuve, p. 103, 2. Voir l’Appendice (P).