Trois amies de Chateaubriand
HORTENSE ALLART 299
peu près, une promenade que j'ai faite souvent avec René ». Aïnsi, elle ne parlait pas à la légère et n’indiquait rien qu’elle n’eût expérimenté. Mais, comme elle a écrit le nom de René, le souvenir de René lui trotte dans la tête.
Et le mariage? Eh! bien, Hortense n’est pas sans y penser. Mais ce projet l’épouvante un peu. Bulwer, lui, fait l’offensé. Hortense avoue qu'il lui plaît; seulement, elle assure qu’elle est « timide » : et c’est bien drôle.
Nous voici en plein moïs de décembre. À Herblay, Hortense avoue que les soirées sont quelquefois un . peu longues; « au loin s’étendent le silence et le froid ».. Elle écrit, pour se désennuyer, à SainteBeuve. Pour se désennuyer tout à fait bien, elle lui fait une scène. Pourquoi? Parce que Sainte-Beuve ne lui dit rien du projet de mariage. « Vous ne me dites pas, en ami : Achevez donc !... ou, comme Bé. ranger : Arrêtez !... J'ai voulu amuser celui-ci en lui racontant comment les choses se sont passées. Tout est remis à février, la saison des amours ou, chez les Romains, du mariage... » Et puis : « Il se peut que j'aie fait des adieux qui m’aient troublée; mais ce n’est pas à vous!. » Et puis : « Vous êtes, d’ailleurs, l'homme des réticences et des délicatesses, un homme dont, dans ma Jeunesse, j'aurais brisé les portes. »
La douce Hortense écrit cela, une paisible nuit, tandis que brille la lune dans une solitude claire. Elle est calme, autant qu'il lui appartient de