Trois amies de Chateaubriand
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s’est exaspérée en ces âmes où rien ne la maîtrisait : elle y est devenue démence et mort.
Chateaubriand résista. Il ne fut mené par les excès de son extrême sensibilité ni à lavilissement ni à la mort. Qu'est-ce donc, en lui, qui le garantissait, qui le fortifiait?.… Habituellement, ce sont les idées qui luttent contre les sensations. À défaut d’elles, que serait-ce? Quelle fut, pour Chateaubriand, cette idéologie tutélaire?.…
Eh! bien, autant est riche d’infinies ressources, nombreuse, ingénieuse, nouvelle, inventive, la sensibilité de Chateaubriand, autant son idéologie est, en somme, peu de chose.
Il est vrai que, dans l’admirable Essai sur les Révolutions, les idées fourmillent, mais en quel désordre et dans quel fatras de faits inutiles, peu contrôlés, jetés là comme, d’un tombereau, des détritus de toutes sortes où il y aurait des merveilles, en outre. Puis, les idées qui émergent de cet embrouillement n’y fleurissent pas; presque toujours, elles se flétrissent avant de s'être épanouies. On a du mal à tirer de l Essai, ne disons pas une doctrine, mais au moins les lignes principales de ce qui aurait constitué une doctrine. Le résultat de l’Essai sur les révolutions, c’est le scepticisme et le nihilisme.
Or, scepticisme et nihilisme peuvent constituer une doctrine, un dogmatisme. Mais le scepticisme et le nihilisme de l'Essai ne sont pas appuyés sur une information philosophique suffisante. Je ne dis pas du tout qu'on ne doive pas aboutir au scepti-