Trois amies de Chateaubriand

TROIS AMIES DE CHATEAUPBRIAND 333

philosophes véritables. — Toute une grande partie de la littérature du dix-neuvième siècle en est avilie.

Il faut aller jusqu’au second empire pour trouver une doctrine qui ait agi sur la littérature. C’est le positivisme : et l’on en fit la négation de la philosophie. Toute la littérature du second empire, celle aussi des quinze ou vingt premières années de la république est positiviste. C’est tout ce que je trouve de philosophie dans la littérature du précédent siècle: c’est peu.

Revenons à Chateaubriand, de qui, au surplus, je risquais d’exagérer les responsabilités.

Faute d’une idéologie personnelle, qu'est-ce donc. qui contient et bride cette terrible sensibilité? Car, tout de même, il eut bonne allure dans la vie. Sa fidélité à ses traditions, d’abord.

I a certainement subi l'influence affolante des idées qui ont amené la Révolution, celle aussi des idées qui en résultèrent. Cela lui a duré, à l’état de crise aiguë, une dizaine d’années, depuis son départ pour l'Amérique jusqu'à son retour d'Angleterre. Une dizaine d'années, — comme à son pays. Et puis, il s’est, tant bien que mal, reconstitué, vers l'époque même où ce pays se reconstituait, au commence: ent du siècle, sous les auspices de Bonaparte. Il 5 est reconstitué en reprenant dans le passé tout ce qui survivait, tout ce qui pouvait encore être rattrapé. Il s’est refait son âme ancienne, en recouvrant ses croyances de jadis, ses habitudes d’esprit, ses façons d'agir d'autrefois. La religion, qu’il a contri-