Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

322 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

disait-il, mais une insigne imprudence, et, si les quinze mille francs ne sont pas, dans la journée, restitués à qui de droit, M. de Noyan couchera ce soir à la Conciergerie.

De toutes les épreuves qu’eut à subir M”° de Sainte-Aulaire à cette terrible époque, aucune ne lui laissa de plus poignants souvenirs. Sa justification était cependant facile : elle avait donné l’argenterie telle qu’elle se comportait ; la malle qui la contenait n'avait point été faite pour la circonstance, et elle n’en avait assurément soustrait aucune pièce. Quant à la demande de fournir un supplément de quinze mille francs, elle n'avait aucun moyen d'y satisfaire …

« Elle avait vidé sa bourse, épuisé son crédit; il ne restait pas chez elle une cuillère d'argent, et tout le mobilier de son petit appartement consistait en deux ou trois lits de sangle et quelques mauvais fauteuils... »

Quand Lalligand eut acquis la certitude que le dénuement de sa victime était absolu et que ses menaces n'obtiendraient d'autre effet que des larmes, il se calma et se fit conciliant.

«— Je veux vous prouver, dit-il, que mon bon vouloir pour vous a été aussi désintéressé que sincère. Je me charge donc de satisfaire à la dette que vous n'avez pas en cemoment le moyen d’acquitter. Je paierai de ma poche les quinze mille francs récla-