Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LALLIGAND-MORILLON 323

més, et je compte trop sur l’honneur de toute votre famille pour craindre qu'on les laisse longtemps à ma charge. »

En parlant ainsi, il fit asseoir M®° de SainteAulaire à une table, lui mit une plume entre les mains et lui dicta une obligation de quinze mille francs à son profit. La pauvre femme écrivit tout ce qu’il voulut, Jura cent fois que la somme serait payée et se confondit en expressions de reconnaissance. Au fait, il ne restait plusaucune pièce accusatrice contre M. de Noyan : il pouvait, en évitant d'attirer sur lui l’attention des terroristes, espérer arriver à la fin d’un régime trop violemment atroce pour durer longtemps. Mais ce n'était pas ainsi que l’entendait le vieux gentilhomme : il voulait réclamer un jugement immédiat, ne doutant pas que, faute de preuves, il ne fût acquitté et mis en liberté. À quoi bon avoir donné son argent s’il devaitrester dans la même situation qu'auparavant ? Il s’abusait étrangement, on le voit, sur les allures de la justice révolutionnaire ; mais il fallait le servir à sa guise.

Sa fille retourna donc chez Fouquier-Tinville, qui fut un peu surpris de s'entendre reprocher des lenteurs au nom d’un prisonnier. Cette démarche n'ayant amené aucun résultat, M"° de SainteAulaire dut retourner au greffe du tribunal révolu-