Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

330 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

bunal d’Autun et qu'il rentrerait dans la Jouissance de ses biens !.

Ses biens, c'étaient les coins, le balancier et les faux écus, saisis chez lui en juillet 1791.

À la réception de ce décret et de la lettre transmissive qu'adressait au district d'Autun le Ministre de la Justice Gohier, le greffier du Tribunal n'eut pas un instant de doute: il renvoya lettre et décret au Ministre, en appelant son attention sur ces pièces, qui ne pouvaient être que des faux, si évidemment faux qu'il était, heureusement, impossible de s'y laisser prendre. Le brave homme s'attendait à des compliments pour sa perspicacité. Quelle dut être sa stupeur en recevant une nouvelle lettre du Ministre qui, d'un ton assez embarrassé, il est vrai, réitérait sa demande.

1. Comme c’est ici le point le plus invraisemblable de cette invraisemblable histoire, nous avons pris le soin de relever, dans la collection Beaudouin le texte même du décret de la Convention. Le voici in extlenso :

« Après avoir entendu les réclamations du citoyen LalligandMorillon, fils, et sur la proposition d’un de ses membres, la Convention nationale décrète ce qui suit :

€ ARTICLE PREMIER. — Le Ministre de la Justice fera incessamment parvenir au Comité de Sûreté générale les originaux de la procédure instruite contre le citoyen Lalligand-Morillon, fils, dans le courant du mois de juillet 1791 par Le tribunal du district d'Autun.

« Ant. 2. — Jusqu'au rapport qui sera fait de cette affaire à la Convention nationale par son Comité de Sûreté générale, toutes poursuites demeureront suspendues et le sequestre mis sur les biens dudit citoyen Lalligand-Morillon sera provisoirement levé pour lui en laisser la libre jouissance. »

Procès-verbal de la Convention nationale, imprimé par son ordre, t. XI, p. 92.