Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LALLIGAND-MORILLON 329

chancelier. Pourtant Lalligand s’en préoccupait, et le jour où, après son retour de Bretagne, il se crut en droit d'obtenir une couronne civique, l’idée lui vint de solliciter l'annulation de l'arrêt qui l'avait frappé.

Ah! la belle supplique qu'il écrivit à la Convention !. Quelle crânerie dans sa requête, etcomme on sent bien que l’homme qui trace ces lignes est une des plus pures victimes de l’odieuse oppression de l’ancien régime.

Une procédure criminelle a été intentée contre moi en 1791 par le tribunal d'Autun; j'ai été arrêté, mes biens ont été mis sous séquestre. Il est vrai qu’on n’apas osé donner suite à cette ombre de ténèbres, mais enfin il subsiste encore, et je ne jouis pas de ma fortune.

Après les services que j'ai rendus, vous jug'erez sans doute que je ne dois point être privé de toutes subsistances, ni continuellement menacé par la malveillance, si elle jugeait à propos de reprendre cette vieille procédure. Je demande que le séquestre ou saisie de mes propriétés soit provisoirement levé? »

La Convention s’empressa de déférer à une si légitime réclamation : le jour même, elle décrétait que tous’les originaux de la procédure instruite contre Lalligand seraient enlevés au greffe du Tri-

1, Le 5 maï 1793. 2. Archives nationales, F7,4760.