Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

338 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

depuis la mort de la Rouërie, n'avaient pas reparu en Bretagne : il avait quitté en hâte la Guyomarais le lendemain de l’inhumation ; depuis lors on n'avait pas eu de ses nouvelles. Cet étranger n’avait-il pas livré au gouvernement révolutionnaire les noms des associés et révélé leur rôle dans le complot?

Fontevieux, comme on sait, n'était pas Breton, et, en se laissant aller à l’accuser sur de simples apparences, les pauvres femmes obéissaient à un sentiment bien naturel ; il répugnait à leur noble caractère de supposer qu'un de leurs compatriotes se fût rendu coupable d’un crime si odieux : le traître, à leur avis, devait donc être l'allemand Fontevieux.

Or le malheureux, incarcéré depuis les premiers jours de mars, était alors écroué à l’Abbaye et occupait un cachot situé exactement au-dessus de celui des dames Desilles. Il avait était informé de cette particularilé par les geôliers ou par son défenseur, et il s'ingéniait, sans y réussir, à communiquer avec elles, soit pour concerter quelque moyen de salut, soit pour les assurer simplement de sa fidélité et de son amitié.

Un jour, les dames Desilles virent descendre, à travers les barreaux de leur fenêtre, un modeste bouquet de roses, suspendu à un fil auquel était

Ca

également lié un papier. C'était une lettre de Fon-