Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 339

tevieux : le prisonnier, en des termes remplis « d'intérêt et d’attachement », leur apprenait qu'il était leur voisin et s'informait de leur santé. Elles rattachèrent au fil fleurs et billets, après avoir tracé au verso de la feuille cette question :

— « Éles-vous un de nos dénonciateurs ? »

À peine le message fut-il parvenu à sa deslination qu'elles entendirent à l'étage supérieur «un grand bruit et beaucoup de mouvement »: et, le lendemain, elles apprirent que Fontevieux « avait été saisi d'une attaque de nerfs, d’épouvantables convulsions, dont il avait failli mourir, n'ayant pu supporter la pensée que ses amis le soupçonnaient d'une pareille infamie! ».

La vie se passait ainsi, pour les prisonniers, dans des alternatives angoissantes de découragement et d’espérances : ils se sentaient entourés d’ennemis inconnus, et ils n'ignoraient pas aussi que des amis tenaces s’employaient à les sauver.

Les défenseurs de Pontavice avaient réuni une somme de dix mille livres pour faciliter son évasion® : mais cet acompte, augmenté d’une promesse de quinze cents francs de rente, n'avait pu séduirele gendarme chargédesa surveillance; d’un autre côté, Lalligand, qui ne ten: it pas à ce qu'on

1. Journal de Rennes, 1841. 2, Idem.