Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 341

nal criminel extraordinaire, — on ne disait pas encore le Tribunal révolutionnairel, — n'avait pas, d'ailleurs, à cette époque, le terrible renom que lui valurent par la suite les fournées de l’an IL. Il n'avait prononcé, depuis Le jour de son institution, qu'une vingtaine de condamnations capitales, et le grand nombre des complices de la Rouërie permettait d'espérer que les juges hésiteraient, soit à faire un choix parmi les coupables, soit à les livrer tous ensemble au bourreau.

Le 24 mai, les Bretons avaient été transférés à la Conciergerie?, et, le 3 juin au soir, on les avertit qu'ils comparaïtraient le lendemain devant le Tribunal.

À neuf heures du matin, l'audience fut ouverte. Une foule compacte de curieux remplissait Le prétoire public; le tumulte fut grand quand parurent les vingt-sept accusés : leur placement sur les bancs prit un temps assez long. On fit à M. de la Guyomarais les honneurs du fauteuil3: ainsi appelait-on, par ironie, la sellette ou siège élevé sur lequel s’asseyait ordinairement le principal coupable. Sur le premier banc prirent place M°° de

1. Le Tribunal prenaït cependant ce titre dans ses imprimés: dès le premier jugement, l'en-tête des procès-verbaux est ainsi libellé : … Séances du Tribunal criminel révolutionnaire, établi à Paris par la loi du 10 mars 1193...

2. Archives de la Préfecture de police.

3. Archives nationales, W, 273.