Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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guillotinât ses clients, attendu que, eux morts, il pourrait difficilement se faire payer les prétendus services qu'il leur avaitrendus, Lalligand promettait de tout tenter pour «sauver au moins les femmes ». Il jouait si parfaitement la comédie du désintéressement que, plus tard, M*° de Virel affirmait que « son dévouement ne s'était pas un seul instant ralenti! ».

En outre, des bruits vagues circulant dans Paris parvenaient jusqu'aux détenus. On assurait que les administrateurs du département avaient été informés d'une assemblée tenue à l'hôtel de Toulouse, rue des Vieux-Augustins, par quelques Bretons accourus pour tenter la délivrance de leurs compatriotes. Les journaux annonçaient que ces conjurés devaient « ou distribuer de l'argent aux juges et jurés », ce qui n'impliquait pas une très haute opinion de l'intégrité de ces magistrals, ou « séduire les gendarmes; en désespoir de cause, ils comptaient employer la force? ».

Ces rumeurs entretenaient la confiance des prisonniers, et c’est sans trop de craintes qu'ils voyaient approcher le jour du jugement. Le Tribu-

4. Journal de Rennes, 1841.

2. Le Thermomètre du Jour, 1193.

La tentative de corruption de Pontavice sur son gardien avait, sans doute, donné naissance à ces bruits. La somme de 10.000 livres que cet accusé avait recue prouverait, d'ailleurs, qu'ils n'étaient pas dénués de toute vraisemblance.