Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE PROCÈS 353

sans cesse à la déposition écrite de Boujard, ce domestique de la Rouërie, dont nous avons résumé les délations! ; mais Thérèse lui fit observer que cet homme était un ivrogne, qui, pendant son très court séjour au château, n'avait cessé de s’enivrer aux dépens de la cave du marquis. Le président insistant sur ce que Boujard avait affirmé que la Rouërie projetait de détruire Antrain et Pontorson après en avoir passé tous les habitants au fil de épées

« — Mais, ciloyen, objecta la jeune fille, si mon cousin avait été l’homme que vous dites, croyezvous qu’il aurait compté de si nombreux amis et de si chauds partisans ?

Montané vit qu'il s'enferrait, et il tourna court. Mais une nouvelle question adressée à M'"° de Moëlien faillit mettre les rieurs du côté des accusés : il s'agissait d’une liste des conjurés et de la somme de mille louis en or qu’elle avait fait disparaître, disait-on, au moment de son arrestation : Lalligand n'avait pu se consoler de la perte d’une si belle prise, et il en avait parlé, trop peut-être, à BillaudVarennes qui, appelé comme témoin et interrogé à ce sujet, répondit malicieusement :

— En effet, Lalligand-Morillon m'a assuré que la prévenue avait soustrait cette somme... Mais

1. Voir page 119.

19 ©