Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
LE PROCÈS 301
« Alors, Madame, s’écria Tronson du Coudray, vous êtes sauvée! Faites-moi connaître le nom de cette personne.
— Ah! répondit M°° de la Fonchais, je ne serai point la dénonciatrice de celle qui a eu confiance en moi, quoi qu’il puisse advenir {.
— Madame. songez à vos enfants.
— Celle-là aussi est mère, » répliqua tristement la noble femme.
Et elle s’obstina dans son héroïque silence.
Au cours de sa plaidoirie, l'avocat fit allusion à ce trait sublime d’abnégation : il chercha à attendrir les juges, à obtenir peut-être de la victime ce nom qui devait la sauver ; mais les magistrats furent insensibles, M"°de la Fonchais resta muette: bien longtemps après, seulement, on apprit que celle pour qui elle s'était dévouée n'était autre que sa belle-sœur, M"° Dauzance de la Fonchais….
Les plaidoiries se terminèrent le 17, dans la matinée. Montané prononca le résumé des débats, puis rédigea les questions à poser au jury : il n’est pas superflu de faire remarquer que, sur la minute originale, figurent au nombre des accusés Ranconnet de Noyan et son confident Leroy : seulement, en regard de leurs noms, aucune question
1. Frère ef Sœur, par S. Harvut, membre de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine. Saint-Malo, 1885.