Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
358 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE n'est inscrite !; ceux-là avaient payé, la justice se déclarait satisfaite.
Après une suspension d'audience de trois heures, les jurés entrèrent dans la salle de leurs délibérations : les accusés furent réintégrés à la Conciergerie, où la nuit entière se passa dans l’angoisse de l'attente, le Tribunal resta en séance; dans la salle vide qu’éclairaient des lampes, les curieux en nombre toujours croissant s’entassaient derrières les barrières.
Le jour parut et les jurés ne rentraient point : leur délibération s’éternisa pendant douze heures. À six heures du matin enfin l'huissier annonça que leur travail était terminé: un grand tumulte se fit dans la salle ; ils entrèrent et reprirent solennellement leur place ; puis le silence s'établit, et chacun d’eux, interpellé par le président, émit à haute voix sa réponse aux questions posées. Quand cet appel fut terminé, les juges opinèrent à haute voix, l’un après l’autre ; mais déjà les assistants, d'après le vote des jurés, prévoyaient la sentence, et tout aussitôt le bruit courut dans le Palais que douze au moins des Bretons seraient condamnés à mort.
Les avis de ses assesseurs recueillis et quelques écritures terminées, Montané donna l’ordre aux
1. Archives nationales, W, 273.