Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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côtés par une grêle de balles. Tuffin tomba l’un des premiers; se sentant mortellement blessé, il remit à son camarade Duval l'or et les lettres qu'il avait pour du Boisguy, en le chargeant de lui transmettre son dernier adieu. Duval réussit à franchir toutes les tranchées et la rivière du BiezJan, d’où, prenant sur la droite sans s'arrèter, il parvint à traverser les marais et, tournant la ville de Dol, arriva au point du jour sur la paroisse de Baguer-Morvan, où, exténué de fatigue, il entra dans la première maison qu'il rencontra. Il eut le bonheur d'y trouver de braves gens, qui lui prodiguèrent leurs soins. Quelques jours après, il arriva au quartier général de Boisguy et lui remit une lettre du comte d'Artois avec mille louis d’or qu'avait apportés Tuffin et que cethomme intrépide avaitréussi à sauver, quoique le poids de cetor l’eût horriblement fatigué pendant sa fuite !. »

Le fils naturel de la Rouërie disparut aussi dans la tourmente : confié, après la mort de son père, aux soins de la famille de Chappedelaine, il reJoignit bientôt les bandes de Puisaye et fut tué dans un engagement®.

1. Mémoires du colonel de Pontbriand.

2. Suivons ici la tradition locale; mais nous devons avouer que nous n'avons trouvé que très peu de traces authentiques de l'existence de ce jeune homme. Dans les registres paroissiaux de Saint-Ouen-de-la-Rouërie, il figure à deux reprises: une première fois (18 février 1189), comme témoin du mariage de Guillon (le