Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
CHÉVETEL GLORIFIÉ 387 rie noble qui prit part à la campagne d’Argonne!; réfugié en Angleterre après le licenciement d’Arlon, il y séjourna pendant toute la durée de la Terreur, du Directoire et de l'Empire, et ne rentra en France qu'avec les Princes ?.
Mais il était ruiné ; il estimait que ses vingtquatre ans d’émigration méritaient quelque récompense exceptionnelle, et voici la lettre que, ne voyant rien venir au bout de six ans d'attente, il écrivait en 1820 au Ministre de la Guerre : c’est un curieux échantillon de l’égoïste éloquence particulière à ceux qui, dans la Révolution, n'avaient perdu que de l'argent : il est à remarquer que ceux-là se lamentaient plus que les autres.
Moxseiexeur,
C'est avec une entière confiance dans la justice et les bontés de votre Excellence que je la supplie de vouloir bien mettre un terme aux dégoûts, aux chagrins et à l’humiliation dont, pour prix de soixante-seize années de bons et fidèles services et du sacrifice que J'ai fait à la fidélité que je dois au Roi de la totalité de la grande fortune dont je jouissais avant la Révolution, je suis abreuvé depuis ma rentrée en France à la suite du Roi au mois de juin 1814 après vingt-quatre ans d'émigration. Depuis cette époque je n’ai cessé de solliciter le cordon rouge et le traitement de mon grade de
1. Archives du Ministère de la Guerre. 2. Idem.