Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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penser que, suivant un mot fameux, ces gens de la Restauration n'avaient en effet rien appris et rien oublié : ils se croyaient encore au temps des nobles sentiments et des dévouements chevaleresques ; ils ne voulaient voir, dans le déchaînement des passions révolutionnaires qu'un coup de folie passager et jugeaient sincères tous les #64 culp& dont les hypocrites se frappaient la poitrine,

Le contraste devient attristant si l’on rapproche cette indulgence d’autres faits d’une nature tout opposée. Vers cette époque, une pauvre femme, la veuve de Pontavice !, l’aide de camp du marquis de la Rouërie, suppliait le Ministre de lui accorder un secours : son père, Capitaine commandant de la Bastille, est mort en défendant la forteresse contre l'émeute le 14 juillet 1789 ; son mari a payé de sa tête son dévouement à la cause royale; elle est demeurée pendant vingt ans sans ressources; elle rappelle que le comte d'Artois a promis, jadis, à Coblentz, de récompenser les services rendus par Pontavice; ayant, par prudence, brûlé tous ses papiers, elle ne peul représenter le brevet de colonel dont le marquis de la Rouërie avait gratifié son mari au nom des Princes; elle supplie Son

1. Elisabeth-Louise Person, fille de feu Nicolas-Joseph Person, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, inspecteur des chasses de S. A. S. Ms" le duc d'Orléans.