Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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dans la partie supérieure de l’enclos. La dalle qui la recouvre est presque complètement fruste, etles caractères en sont effacés: on y devine cependant le nom et la consolante formule : qu'il repose en paix !

Souvent nous nous sommes arrêté devant cette pierre, et, songeant à ce que nous avions recueilli sur l'existence de celui qui dort là, nous nous disions : « À quoi bon ? De quel droit raviver ces souvenirs et exhumer ce sinistre passé ? Ne vaut-il pas mieux se taire et laisser sa mémoire bénéficier de l'oubli? »

Mais notre pensée se reportait à cette autre tombe, perdue au fond des bois de la Guyomarais, à cette épouvantable scène de l’exhumation du marquis de la Rouërie, à cette tèle coupée au cadavre et roulant sur le parquet, à tous ceux que l’odieuse intrigue a désespérés, ruinés, perdus, tués... Ceux-là aussi, pourtant, ont des droits à la vérité.

Si humble que soit un historien, si modeste que soient ses prétentions, son rôle est toujours celui d’un justicier. Pourquoi n’auriez-vous que rancune et qu'injure pour ces Bretons et ces chouans, si allègrement traités de brigands et de détrousseurs de grands chemins, tandis que vous prècheriez l'effacement et l’oubli pour les Chabot, les Fouquier-Tinville, les Lalligand et les Chévetel ?

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