Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
112 CHAPITRE TROISIÈME.
les mains de leur auteur qu’un résultat acquis; ce fut la rétractation de son cousin l’évêque de Viviers, Savines, devenu évêque constitutionnel de l'Ardèche. D’Antraigues la reçut et la fit parvenir entre les mains du pape.
L'ancien député de la noblesse se considérait en Vivarais comme un absent toujours à la veille de rentrer, et il restait présent à la pensée de ses compatriotes, républicains ou royalistes. En 1795, il dépêchait secrètement parmi eux un émissaire chargé de renouer, à défaut d’intriques politiques, les fils de ses anciens souvenirs, de rechercher le sort de ses terriers, de ses livres, de ses collections, et surtout de ceux à qui il s’intéressait, depuis ses hommes d’affaires jusqu'à la belle Henriette. Les patriotes, de leur côté, soupconnaient sa main dans fout mouvement révolutionnaire, et se le figuraient volontiers caché au milieu d'eux. Un juge de paix, en l'an VI, désigne même expressément, dans une pièce officielle, l'asile où il le suppose (1).
L'action de d’Antraigues se manifeste en 1795 sur un autre point des frontières françaises, à la lisière de la Franche-Comté et des cantons suisses. Il vint alors secrètement dans la principauté de Neuchâtel, à la Chaux de Fonds, et jusqu’au village des Planchettes, sur les bords du Doubs (2). Il trouvait là de nombreux réfugiés, débris de la Petite Vendée comtoise. Il eût voulu les voir se
pas douté, M. Ricardos avait été sacrifié, et l’on sait tous les malheurs qui suivirent. » (Souvenirs inédits du comte Th. GOLOVKINE.)
(1) Lettre de Flauguergues, juge de paix à Viviers, 1° ventôse an VI. (Comm. par M. Mazon.)
(2) Sa présence à la Chaux de Fonds est signalée en juin 1794.
(Manuaux du Conseil d’État, 8 juin. — Archives cantonales de Neuchâtel .)