Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
TRAVAIL À L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE (1793-1795). 113
former en corps de troupes, surprendre les postes de la frontière et emporter le fort de Joux; le gouvernement bernois lui avait promis, affirmait-il, les munitions nécessaires. Quelques ecclésiastiques se prêtèrent à ses vues, et distribuèrent des brochures et des proclamations « au nom de Dieu et de la Vierge Marie ». La Terreur était finie; les paysans fugitifs se souciaient moins de combattre que de revoir leur patrie (1). D'Antraigues disparut prompienens du pays, et par Zug, où on le trouve au mois d'octobre, il revint en Italie.
Son activité s'exerça d'une manière plus efficace à Paris même, auprès des hommes qui y représentaient secrètement, mais officiellement, le parti royaliste. L'agence de correspondance montée par le cabinet espagnol avait passé, sans perdre son premier caractère, au service du « régent de France », et d’Antraigues, intermédiaire de cette agence entre Paris et Madrid, le devint entre Paris et Vérone. il transmeltait à d’Avaray et à Flachslanden les bulletins recus de France, sauf certaines parlies réservées; il les envoyait en outre à Drake, qui les communiquait au cabinet de Londres. Enfin il expédiait directement les instructions de Monsieur, rédigées par lui sur des canevas dont on lui donnait la substance; mais il devait faire connaître à Madrid toute la correspondance échangée entre Vérone et Paris.
En juillet 1795, après la paix de Bâle, Brotier et ses amis furent remerciés par le ministère espagnol, et demeurèrent exclusivement les serviteurs de Louis XVIII. Depuis quelques jours, Monsieur venait de
(1) J. Sauzav, Histoire de la persécution révolutionnaire dans le Doubs, t. V, p. 270-273.